Jean-Marc Siano : "Après avoir perdu 80 % de voyageurs, la Tunisie va retrouver un rythme normal d’ici la fin du mois d’avril."

Le président du directoire de Nouvelles Frontières commente l'état du tourisme dans les pays du Moyen-Orient.

Hedwige Chevrillon : Entre les troubles géopolitiques - les touristes qui ne veulent plus aller en Tunisie et peut-être au Maroc – et la flambée des cours du pétrole –puisque vous détenez également une compagnie aérienne – la situation est un peu tendue pour votre groupe, non ?

Jean-Marc Siano : Effectivement, nous faisons face à beaucoup d’évènements. Mais c’est aussi le propre de notre métier : l’année dernière c’était le volcan, là ce sont les troubles géopolitiques. Je note toutefois que l’envie de partir en voyage reste la plus forte, car notre carnet de commandes pour l’été est en hausse par rapport à l’été 2010. Donc les Français voyagent. Différemment, mais ils voyagent.

Comment voyagent-ils alors, où vont-ils ? On a vu ces images d’Egypte avec personne au pied des pyramides, c’est quand même impressionnant…

C’est vrai que c’est le bon moment pour y retourner étant donné qu’on peut découvrir les sites avec peu de monde. La Tunisie est rouverte au tourisme depuis une bonne dizaine de jours (autours du 10 février, NDLR), et l’Egypte accueille à nouveau des touristes depuis mardi. Nous avons donc repris nos opérations aériennes et touristiques vers ces deux pays.

Finalement c’est une bonne opportunité pour deux raisons : les sites sont très disponibles, et les prix encouragent les voyageurs à redécouvrir ces destinations.

Est-ce qu’il y a de la demande, et est-ce que vous ne prenez un risque en y envoyant vos clients ?

Nous ne prenons jamais aucun risque : si nous considérons que nos clients ne sont pas en sécurité à destination, nous ne les envoyons pas. Et c’est bien parce qu’aujourd’hui nous considérons que toutes les règles de sécurité sont remplies que, à nouveau, nous y envoyons des clients.

Concrètement, 400 personnes repartent d’ici la fin du mois avec Nouvelles Frontières en Tunisie, et environ 200 en Egypte. Je crois que la Tunisie va retrouver un rythme normal de voyageurs d’ici la fin avril.

Combien de personnes partaient en Tunisie avant les évènements ?

Il y a 80 % de voyageurs en moins depuis le mois de février. Cette destination a été totalement sinistrée, elle mettra deux mois à retrouver une activité pratiquement normale.

Le mode de gestion du pays va complètement changer en Tunisie, où tout était avant très centralisé. Est-ce que vous êtes entré en contact avec les nouvelles autorités du pays ?

J’ai rencontré le nouveau ministre du Tourisme, qui souhaite évidemment encourager l’ensemble des Européens à visiter à nouveau son pays. Rappelons que le tourisme y représente 6 % du PIB : c’est donc très important, ça fait vivre environ 350 000 Tunisiens.

Rappelons aussi que pendant les évènements, à aucun moment les touristes ont été mis en danger. C’est un pays accueillant et respectueux du tourisme, donc les conditions sont réunies, les hôtels sont ouverts, il n’y a pas de problème de financement à court terme : nos installations sont prêtes à recevoir des touristes.

Source :La rédaction - Le 12-15 - Hedwige Chevrillon - bfm, le 22/02/2011