CHRISTIAN FRESON : "J’ai besoin de cette adrénaline"

"J'ai besoin de cette adrénaline"

Cela fait un peu plus d’un mois qu’il est rentré d’Irak, mais il attend le prochain départ avec impatience. Sans doute en Afghanistan ou en Lybie. Comme souvent, il le saura certainement au dernier moment.

« Il m’est déjà arrivé d’être prévenu à 6 h du matin pour prendre un vol à 18 h à Francfort. » Christian Freson est Life Support Manager depuis une douzaine d’années. Il gère la logistique de bases de travail situées loin de tout : plateformes pétrolières, gisements de gaz ou aurifères…  « En 2008, j’ai travaillé nonante jours non-stop sur un convoi naval qui amenait une plateforme pétrolière de Séoul jusqu’au Nigéria. »

En territoire dangereux

Son métier consiste à s’occuper de l’approvisionnement en eau, nourriture, literie, produits de nettoyage…  pour tout le personnel sur place. Pour l’aider, il a à sa disposition du personnel local qu’il doit former de A à Z. Un vrai bain interculturel… « Je peux me retrouver sans rien et dois me débrouiller pour dénicher tout. Parfois, c’est d’ailleurs de très mauvaise qualité, mais je finis toujours par trouver des solutions. » Négociations et pots-de-vin font partie de son quotidien. « J’ai d’ailleurs un budget pots-de-vin à ma disposition », confie-t-il. Il doit aussi se charger de la protection du camp. Protection n’est pas un vain mot, pour lui qui est déjà passé quelques fois près de la mort. « Les endroits où l’on m’envoie sont dangereux et souvent en guerre : Tchad, Guinée équatoriale, Angola… »  

Le seul Belge

En Irak, il a travaillé dans la base d’une future cimenterie, avec 1 250 personnes à nourrir et loger. « À terme, cette cimenterie fournira un million de tonnes de ciment par jour. » Son employeur est une société de catering koweitienne. Les entreprises spécialisées dans ce type de services extrêmes sont peu nombreuses dans le monde et inexistantes en Belgique. « Je suis moi-même le seul Belge dans ma société », affirme-t-il. Chaque mission dure entre un et quatre mois, puis Christian Freson rentre environ un mois en Belgique. « C’est du 7 jours/7, avec un minimum de 12 h de prestations par jour. C’est clair que je n’ai pas de vie de famille. Mais le plus lourd, c’est que quand on rentre, on n’a aucun suivi psychologique ni aucun débriefing. »

Une vie normale: ennuyeuse

Pourquoi continue-t-il ? « D’abord, parce que c’est très bien rémunéré. Mais surtout, je ne pourrais pas faire autre chose. Pour moi, ce métier est un vrai sacerdoce et il correspond à mon tempérament. Je me sens exister car j’apporte des solutions à des situations extrêmes, et je forme du personnel. Par ailleurs, j’ai carte blanche, j’organise les choses comme je veux. Je ne supporte pas l’autorité de type militaire. Et puis, j’ai besoin de cette adrénaline. Les autres avec qui je travaille sont souvent comme moi : des gens qui n’ont pas de limites, qui jouent avec leur vie. Ca devient comme une drogue. On s’ennuie dans une vie normale. »

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C'est son anniversaire aujourd'hui ! Profitons pour lui souhaiter un très bon anniversaire.

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Source : Réference.be